La Religion musulmane (93%) et celle Chrétienne (5%) dominent au Sénégal. Elles sont garantes de certaines valeurs conformément à la Bible et au Coran. La question de l’avortement est diversement interprétée chez les musulmans. L’Eglise elle, est catégorique.
L’avortement fait l’actualité avec la sortie de l’organisation non gouvernementale Jamra qui a attaqué cette semaine les associations féminines qui porte ce plaidoyer. Suffisant pour essayer de comprendre les positions de la religion musulmane et celle Chrétienne. Il existe quatre écoles ou rites avec des interprétations diverses chez les musulmans. L’Eglise elle, est catégorique. L’avortement sous quelques formes qu’il puisse être, attente à la vie humaine et est contraire aux recommandations de la Bible.
La nuance des 120 jours chez les écoles musulmanes.
L’Imam El Hadji Omar Diène ne tourne pas autour du pot. L’islam interdit l’avortement. « Ce n’est permis que dans la dynamique de sauver une vie. Par exemple quand le fœtus est malade ou quand la santé de la mère est menacée. Sinon la pratique heurte les préceptes de la religion musulmane » dit-il.
L’imam Diène apporte une nuance qui est de taille. ‘’Quand l’islam parle d’avortement, il ne fait pas allusion aux femmes non mariées. A ces dernières, il est interdit de s’amuser avec le sexe parce que la pratique peut avoir des conséquences’’.
L’islam ne compte pas de jours selon l’imam Diène. Des que les chromosomes s’accrochent, il est interdit de faire des tractations pour nuire à la vie. Il est vrai, dit-il, que c’est à partir du 122iéme jour que le cœur de l’enfant commence à battre. Mais ce n’est pas le point de départ. La vie commence dès le rapport sexuel. Même les victimes de viol et d’inceste doivent garder leur enfant. Quid du projet de loi portant avortement médicalisé pour les cas de viol et d’inceste? La réponse d’imam Diène est catégorique. ‘‘Ça ne doit pas passer. Mieux, nous rappelons les députés à l’ordre. Il ne faut pas qu’un jour, ces gens votent la loi’’ avise le Président de la ligue des imams et oulémas.
Toutefois, Imam Moussé Fall va à l’encontre de cette analyse. Selon lui, il existe plusieurs interprétations autour de l’avortement. Même si, le principe de base de l’avortement est l’interdiction, des exceptions sont à noter. Le président de l’association des imams en santé de la population et développement cite les cas de viol d’inceste et les situations où la vie de la femme est menacée. « La femme ne doit pas subir un préjudice à partir de ce qu’elle porte dans son ventre (Baqarah, la vache, sourate 02). Il en est de même pour une femme qui contracte une grossesse des suites d’un viol et ou d’inceste. Il faut pratiquer l’avortement avant les 120 jours. Et là, l’on se réfère dit-il, à la sourate Mouminoune entre les versets 12 e 14. qui définit les étapes de la grossesse.
L’Eglise ne badine pas avec l’avortement
L’église ne saurait aller à l’encontre de la recommandation divine qui interdit l’avortement, avait déclaré dans une interview l’Abbé Alphonse Seck, prêtre de l’archidiocèse de Dakar et Secrétaire général de Caritas/Senegal.
Selon lui, la position de l’église part du principe que la vie humaine est sacrée. L’enfant dès sa conception a droit au respect de sa vie. L’écriture Sainte qui est la référence rappelle incessamment que la vie est l’affaire de Dieu. Il ne revient pas à l’humain d’en faire ce qu’il veut. Entre la vie (battement du cœur) et la conception il y a 120 jours mais, la religion chrétienne considère qu’ Il y a une vie humaine dès le moment de la conception. L’église dit non à l’avortement sauf pour les cas qui menacent la santé de la mère.